Le récit véridique d’une aventure hors du commun

Depuis quelques années, mon état de santé m’interdisait de naviguer: perte de force musculaire, mal de dos, équilibre précaire sur le plancher des vaches,alors…….sur un bateau!! encore que, un déséquilibre peut en compenser un autre; par exemple, si je trébuche sur babord et qu’à ce moment le bateau roule lui aussi sur babord,l’équilibre est rétabli, c’est une simple question de synchronisation. Bref, l’appel du large est le plus fort et, comme le dit Renaud: »c’est pas l’homme qui prend la marec’est la mare qui prend l’homme »Ainsi, je suis en train d’acheter un magnifique voilier de course, une occasion en parfait état, un « DF65 » 2,5 pieds, le tirant d’eau de prèsd’un pieds peut paraître excessif mais se justifie par l’imposante surface de la voilure (pour mémoire, le tirant d’eau du Jonathan, dériveur de 36 pieds est d’environ 2,5 pieds).

Toutes es commandes électriques sont disponibles au piano; Je navigue le dimanche matin en solitaire ou avec mon neveu excellent second. Port d’attache, Magny le Hongre-Val d’Europe sur le redoutable étang de la mare houleuse la bien nommée. La mare houleuse est probablement la plus difficile et dangereuse au monde en raison de la houle précisément qui peut se soulever d’un coup de parfois 20 centimètres mais aussi d’un intense trafic maritime: voiliers de toutes tailles, cargos électriques ou à vapeur, navires militaires, hydroglisseurs et même sous-marins. 1h et 40 mn, c’est mon tour de quart. Assis dans mon fauteuil de camping pliant, le piano 2 voies (une pour la barre franche et l’autre pour le réglage des voiles) posé sur mes genoux, bravant mille dangers je vais explorer les rivages inconnus de la mare houleuse aux confins de l’étang. Soudain, une déferlante déséquilibre le ponton qui prend de la gite, d’abord lentement puis de plus en plus vite mon fauteuil glisse inexorablement et sombre dans la mare. Un homme à la mare, un homme à la mare crie mon neveux heureusement resté à quai ce jour là. J’avais pieds, j’ai pu remonter avec son aide, la tête coiffée d’un nénuphar, comble du ridicule pour un skipper de ma trempe.

Je ne souhaite cette désagréable aventure à personne.

Une flottille de la SNSM dépêchée sur le lieu du naufrage a remorqué mon navire qui dérivait dangereusement vers les écueils.

Gilles